Debout sur le vent #27 – Ce matin

Bernard Garaut

Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…

Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.

« …Humaniser la folie,

Désaliéner les lieux de soins… » claironnait  François Tosquelles !

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CE MATIN

«Blancheur des glycines
ployant au vent
la voie lactée.»
( Hajin.
Le livre des haikus)

Ce matin

ce matin le vent violent farandole les arbres et arbustes/ et
le linge étendu

d habitude il est au sol /
à terre dirait l’ami.

ce matin il est posé délicatement sur une fine branche /
agitée elle aussi / la branche est si fine / elle ne ploie pas

ce matin il est seul, le merle /d habitude la merlette est là/
grattant la terre aux pieds des arbustes

ce matin / pourquoi ce changement d habitude /

me fait penser aux vagabonds efficaces /
voyageurs incertains /
à la délicatesse d’ une embardée /

telle une saillance
au sens éventuellement révélé / imaginé / partagé

ce matin d habitudes devient agité et animé /
cette nécessité de regarder / voir /
se mettre en pensée /

ce matin une trace / à la rencontre d une autre

ce matin il aura suffi du merle / du vent / de
l’ absence de la merlette / pour qu un regard différent
advienne / éclaire ce qu on pouvait penser anodin /

les matins sont nombreux /

et si on essayait!
…quelques enfants /ou quelques autres /
délivrés de nos habitudes/
ne s’ en porteraient que mieux /

cette fin de matinée sur le sol de la terrasse
la merlette
seule / immobile/ terrassée
sur la baie vitrée la trace de l’impact/
une tâche marron

ce matin le vent violent a farandolé /
plus fort que d’habitude /
lâchée la main de son merle

à terre

ce n’était pas un changement d’habitude /
une perte.

B.G.

Tu vis avec le temps
tu dors avec le temps
tu manges avec le temps
tu travailles avec le temps
mais aussi le temps peut annuler
les choses.

Le temps c’est une seule vie.

Quand tu es mort tu es hors du temps.

M .S. 17ans, écrivant de l’atelier d’écritures